Office National des Anciens Combattants,
Anciens Militaires et Victimes de Guerre du Cameroun

Le monde combattant camerounais

Héritage colonial et affirmation nationale: de l’UFACEFAM à l’ONACAM : itinéraire historique d’une transition mémorielle et institutionnelle

Héritage colonial et affirmation nationale

De l’UFACEFAM à l’ONACAM : itinéraire historique d’une transition mémorielle et institutionnelle

 

1. Les origines : la solidarité des Anciens Combattants africains

À la suite de la Seconde Guerre mondiale (1939–1945), des milliers d’Africains issus des colonies françaises, dont le Cameroun placé sous tutelle française participèrent aux combats aux côtés de la France.

De retour dans leurs pays, ces Anciens Combattants furent confrontés à de nombreuses difficultés : pensions insuffisantes, reconnaissance limitée et faible intégration socio-économique, alors même que la France restait le principal gestionnaire des prestations militaires.

Pour défendre leurs droits, l’Union Fraternelle des Anciens Combattants des États Français d’Afrique et de Madagascar (UFACEFAM) fut créée au début des années 1950 (vers 1953–1954) à l’initiative des Anciens Combattants africains, avec l’appui d’associations françaises.

Ses principales missions étaient de:

  • Organiser la solidarité entre anciens combattants des colonies françaises ;
  • Représenter collectivement leurs intérêts auprès des autorités françaises (pensions, indemnisations, soins médicaux);
  • Développer des actions sociales (mutuelles, assistance aux veuves et orphelins).

 

2. L’adhésion du Cameroun à l’UFACEFAM

Bien que sous tutelle française (mandat SDN puis ONU), le Cameroun fut intégré à ce dispositif panafricain.

Ses anciens combattants – qu’ils aient servi durant les deux guerres mondiales, en Indochine ou en Algérie furent affiliés à l’UFACEFAM, bénéficiant des mêmes droits que leurs homologues des colonies françaises.

Cette affiliation leur permit de peser dans les négociations avec la France sur:

  • La revalorisation des pensions militaires ;
  • La reconnaissance des blessures et invalidités;
  • L’accès à des avantages sociaux (logement, santé, emplois réservés).

 

3. Vers l’autonomie nationale

Après l’indépendance du Cameroun en 1960, le gouvernement, sous la présidence d’Ahmadou AHIDJO, entreprit de nationaliser progressivement les services sociaux et militaires.

Cependant, les anciens combattants camerounais dépendaient toujours de l’UFACEFAM pour la gestion des pensions et des aides, la France demeurant responsable des droits acquis avant l’indépendance.

Cette situation suscita des revendications en faveur d’une structure nationale capable de:

  • Prendre en charge les besoins spécifiques des anciens combattants camerounais ;
  • Défendre leurs droits directement auprès de l’État camerounais et des autorités françaises.

 

4. La création d’un Office national: l’ONAC (1964)

Pour répondre à ces attentes, l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre du Cameroun (ONAC) fut créé en 1964.

Ses missions principales étaient de:

  • Remplacer progressivement l’UFACEFAM sur le territoire camerounais;
  • Assurer une prise en charge nationale des anciens combattants et victimes de guerre;
  • Défendre leurs droits auprès des autorités camerounaises et françaises pour la liquidation des pensions coloniales.

Un décret fondateur, le n°65/DF/431 du 9 octobre 1965 (modifié en 1967), confirmant juridiquement la mise en place de l’Office, qui devint l’outil central de gestion des anciens combattants au niveau national.

 

5. Évolutions et réorganisation (1964–2000)

Durant les décennies suivantes, l’ONAC connut plusieurs ajustements statutaires et organisationnels (textes modificatifs, circulaires administratives) sans changement majeur de mission.

Il continua à servir de relais entre l’État camerounais, la France et les ayants droit, s’assurant du versement des pensions et l’assistance sociale.

 

6. La grande réforme : naissance de l’ONACAM (2001)

Le tournant décisif intervint le 25 juillet 2001 avec la signature du décret n°2001/195 portant création de l’Office National des Anciens Combattants, Anciens Militaires et Victimes de Guerre du Cameroun (ONACAM).

Cette réforme, complétée par le décret n°2001/177 relatif à l’organisation du Ministère de la Défense, a permis de:

  • Redéfinir les missions de l’Office et d’élargir sa couverture aux anciens militaires et à l’ensemble des victimes de guerre;
  • Renforcer la tutelle ministérielle et clarifier les articulations administratives;
  • Moderniser les outils de gestion et de suivi des ayants droit.

7. Une modernisation continue (2001–2025)

Depuis sa reconfiguration, l’ONACAM a engagé de nombreuses actions pour répondre aux besoins des ayants droit et renforcer son rôle social à travers des:

  • Dispositifs d’assistance et de reconnaissance : aides sociales, actions mémorielles et partenariats techniques;
  • Partenariats innovants: par exemple, l’accord signé le 28 février 2024 avec le projet VIHeillir, destiné à améliorer la prise en charge sanitaire et la réinsertion sociale;
  • Activités mémorielles et de communication: organisation de symposiums, colloques et campagnes de sensibilisation (2024–2025), illustrant l’ouverture de l’Office à des enjeux contemporains de mémoire et de solidarité nationale.

 

Textes de référence à consulter

Décret n°65/DF/431 du 9 octobre 1965: création de l’ONAC;

Décret n°2001/195 du 25 juillet 2001: création de l’ONACAM;

Décret n°2001/177 du 25 juillet 2001: organisation du Ministère de la Défense (tutelle de l’ONACAM);

Décret n°2012/387 du 14 septembre 2012: organisation et fonctionnement du SED/CACVG.

 

En résumé

Le processus de modernisation amorcé dès 1964 et consolidé en 2001 illustre la volonté constante de l’État du Cameroun de passer d’une gestion héritée du système colonial à une gouvernance nationale moderne, capable d’assurer la protection, la reconnaissance et la mémoire des Anciens Combattants, Anciens militaires et victimes de guerre.

 

(é) Colonel Alfred FULLER

Office National des Anciens Combattants, Anciens Militaires et Victimes de Guerre du Cameroun

Contact

  • BP: 4108 Yaoundé - Cameroun
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